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Interview

Jean Sibilia : « Il y a une maladie endémique dans la recherche »

Jean Sibilia, président de la Conférence des Doyens des Facultés de médecine, tire la sonnette d’alarme sur l’état de la recherche médicale française et avance une série de propositions communes aux filières santé, la première étant un choc de simplification.

Vous alertez sur le déclin de la recherche française, en particulier médicale. Comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion ?


JS. : Nous avons, au nom de la conférence des doyens de médecine et des autres conférences de santé décidé de faire un état des lieux. De nombreux rapports, tous concordants (ministère, Cour des comptes…) existaient, sans qu’une synthèse en ait été faite. C’est maintenant chose faite et nous en avons tiré 38 propositions très opérationnelles que nous allons hiérarchiser. Avec de nombreux chercheurs et de grandes personnalités de la recherche, nous préparons une tribune que nous diffuserons bientôt. Nous partageons le constat que, malgré ses atouts et ses avancées, il y a une maladie endémique dans la recherche en France. Ce sentiment de déclin est d’ailleurs partagé par de nombreux chercheurs.

La préparation de la loi de programmation de la recherche vous donne donc cette occasion…

JS. : Nous devons aujourd’hui alerter les institutionnels et les politiques, qui expriment souvent une forme de déni, ne reconnaissant pas suffisamment le déclin de notre recherche. Il faut repartir du terrain, se saisir de ce défi sans précédent et essayer de ranimer notre recherche médicale. Je suis médecin-chercheur, directeur adjoint d’une unité Inserm depuis dix ans, je n’ai donc pas perdu ce regard. La loi de programmation de la recherche qui se prépare n’est pas thématisée. La recherche médicale n’y est pas suffisamment représentée ; nous voulons collectivement la défendre, cette recherche a fait la réputation de notre pays et est une formidable source d’innovation, d’attractivité et de richesse pour nos universités et nos territoires.


Si vous ne deviez retenir qu’une de vos propositions, laquelle serait–ce ?

JS. : Ce serait de simplifier le système. L’organisation est trop compliquée, on a ajouté des couches au fil des années sans supprimer les anciennes, il faut reconfier à chacun sa mission première, pour que les chercheurs puissent se consacrer à leur tâche. Ils sont aujourd’hui noyés dans des réponses à des organismes multiples, aux financements fragmentés – à l’exception notable de ceux de l’European research council –. Chercher à obtenir une grant de l’ANR d’un montant de 50 000 ou 100 000 euros avec un taux de réussite de 10% ou 15% est une déperdition d’énergie et de moyens. Ce n’est pas de cette manière là que nous concurrencerons efficacement les pays émergents ou même européens sur la scène internationale.
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Actualité

Les leaders des sondages

Les sept listes qui suivent ont les plus grandes chances de pouvoir placer au moins de leur candidat au Parlement européen.


Pour la France : Transformer l’Europe
François-Xavier Bellamy, Union de la droite et du centre
C’est 75 propositions que la liste de la droite et du centre a colligé pour ce scrutin européen. Parmi elles, certaines concernent la recherche et l’enseignement supérieur, comme instaurer un un « Erasmus 3.0 » universel (proposition 26) pour tous les jeunes qui le souhaitent, depuis le collège jusqu’à la faculté. Les programmes de recherche sont également mis en avant, au travers de l’adoption d’une grande cause européenne (proposition 63) « pour découvrir le remède à Alzheimer, Parkinson et les maladies neuro-dégénératives » dans les cinq années du mandat (sic). La proposition 64 vise à établir une stratégie européenne pour l’intelligence artificielle. Pour l’anecdote, il est également proposé que des scientifiques de renom (Pierre et Marie Curie, Albert Einstein) puissent orner les billets de banque, à l’image de Goethe, Cervantes ou Van Gogh.
Aucun des candidats en position éligible n’entretient en revanche de rapport évident avec le monde de la recherche ou de l’enseignement supérieur.

Projet Renaissance
Nathalie Loiseau, LREM
L’accent est particulièrement porté dans ce programme sur l’écologie (1000 milliards pour la transition écologique, sortir du glyphosate, transparence sur l’évaluation des produits chimiques…) mais ne comporte aucun engagement clair sur les budgets ou la politique de recherche. On a tout de même détecté quelques mesures qui favoriseraient la science, comme de « de transférer le capital d’une entreprise à une fondation (…) l’autoriser à investir dans des causes de bien commun », ainsi que côté enseignement supérieur, la création d’une « vingtaine d’universités européennes d’ici 2024 » où chaque étudiant bénéficierait « de cursus, de diplômes communs et d’une mobilité libre ».
A signaler sur cette liste, Pierre Karleskind, vice-président de la région Bretagne, PhD en philosophie et océanographe.

Europe écologie
Yannick Jadot, EELV
Cette liste verte propose bien sûr un programme très axé sur l’écologie, avec notamment un plan d’investissement massif de 100 milliards d’euros pour sauver le climat dont on imagine volontiers qu’une partie sera reversée à la recherche et au développement de technologies propres, sans qu’aucun montant ne soit toutefois avancé.
Parmi les têtes de liste en position éligible, aucun chercheur ou universitaire, même si on notera la présence de Michèle Rivasi (ENS, agrégée en biologie), connue pour son engagement au sein de la Criirad mais aussi plus récemment pour ses positions « vaccinocritiques », pour reprendre ses termes.

L’Avenir en commun, en Europe aussi !
Manon Aubry, La France insoumise
Le programme de cette liste pour le scrutin du 26 mai (on se permet de vous rerappeler la date) évoque explicitement les problématiques de la recherche, au travers de plusieurs propositions, notamment la création d’un « institut européen public de recherches sur la transition énergétique ». Mais ce n’est pas tout. Le programme prône également de monter des « laboratoires de recherche publique européens » (santé, éducation, environnement…) mais aussi d’augmenter l’effort financier en faveur de la recherche et de l’enseignement supérieur, avec « un objectif de 3% du PIB », ce qui, rappelons-le était déjà inscrit dans la Stratégie de Lisbonne, lancée en… 2000. La France insoumise précise vouloir écarter de ces financements les labos soutenus par le mécénat des grands groupes (Total, LVMH…). L’objectif général de ces mesures est de « redonner aux chercheurs le droit au temps long dont ils ont besoin ».
What else ? Le second de la liste LFI, dont vous pourrez trouver la liste intégrale ici, Manuel Bompard, est titulaire d’une thèse en mathématiques appliquées à l’aéronautique, le 6e, Emmanuel Maurel a « enseigné dans le supérieur ».

Prenez le pouvoir
Jordan Bardella, Rassemblement nationalNi la recherche, ni l’enseignement supérieur ne sont explicitement cités dans les mesures proposées par le RN et sa tête de liste Jordan Bardella, principalement axées sur la politique migratoire et la révision des textes européens.
Aucun candidat potentiellement éligible, à l’exception notable de Gilles Lebreton, docteur en droit public, professeur d’université et directeur de laboratoire, n’a de rapport direct avec l’ESR ou la recherche. Nous avons vérifié jusqu’à la 25e place de la liste RN.

Amoureux de la France, unissons-nous !
Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France !
C’est Nicolas Dupont-Aignan qui prend la tête de la liste de son propre parti aux Européennes, avec un programme axé sur la souveraineté des peuples. Il contient quelques propositions concernant directement la recherche, comme « un plan de lutte contre le cancer, Alzheimer et les maladies orphelines » ou un effort dans les énergies propres (panneaux solaires, filière thorium) ou la recherche de « substituts non polluants aux glyphosates ». Sa proposition la plus forte est certainement de « favoriser les investissements privés et publics dans la recherche et l’innovation pour atteindre 5 % du PIB européen comme la Corée du Sud ». Mazette ! Pour mémoire, nous en sommes à environ 2 % aujourd’hui, public et privé confondu.
Par ailleurs, aucun des candidats en position éligible de la liste DLF n’occupe de poste dans la recherche ou l’enseignement supérieur.

Envie d’Europe écologique et sociale
Raphaël Glucksmann, divers
Menée par l’essayiste Raphaël Glucksmann, cette liste d’union de gauche (PS, PRG…) propose dans son programme « d’investir massivement pour développer une recherche indépendante » (point 6), particulièrement dans le domaine énergétique mais aussi un mécanisme de protection des investissements nationaux dans la recherche, notamment (point 27). Toujours ça de pris.
Les outsiders labos compatible sOn a essayé de vous extraire des programmes des 27 listes (!) restantes, les pépites concernant l’ESR. 

– La Liste citoyenne du Printemps européen (Benoît Hamon, Generation.s) propose un pass liberté pour étudier en Europe, avec une bourse de 850 euros par mois.
Les Européens (Jean-Christophe Lagarde) proposent à la fois la création d’un livret E pour l’investissement dans des projets d’avenir et l’augmentation des « budgets européens liés à la recherche agronomique ».
On va s’arrêter un peu plus longuement sur le programme du parti Pirate (Florie Marie), qui est riche et promeut l’open science sous toutes ses formes, donc le libre accès pour les résultats scientifiques et les publications en commons ainsi que le développement de logiciels libres. Les pirates prônent un allégement des brevets pour faciliter la recherche. De plus, ils veulent « rendre l’approche scientifique obligatoire dans tout processus de prise de décision environnementale ».
Urgence écologique (Dominique Bourg) veut augmenter « les moyens alloués à la recherche scientifique indépendante » et réorienter la recherche européenne vers l’écologie.
– Le programme d’Allons enfants (Sophie Caillaud) est plutôt complet en terme d’innovation. Jugez par vous-même (proposition 21).
– L’Union démocratique pour la la liberté, égalité, fraternité (Christian Person) propose quelques mesures axées éducation et recherche.
Evolution citoyenne (Christophe Chalençon) veut « des programmes de recherche dans les énergies propres financés par la taxation des gros pollueurs ».
-Le Parti fédéraliste (Yves Gernigon) propose de nombreuses mesures typées innovation/ recherche, notamment des plans d’investissement.
-La Liste de la reconquête (Vincent Vauclin, Dissidence résistances) veut lever les entraves à la « liberté d’expression et à la recherche historique ».
-Le Parti des citoyens européens (Alexandre Auric) a lui de hautes ambitions pour la recherche, en préconisant d’atteindre les 3% du PIB… soit en gros d’augmenter de 50% les budgets actuels, tout de même.
Ca va être compliqué pour les chercheurs au cas (plus qu’improbable) où la liste Une France royale au coeur de l’Europe (Robert de Prévoisin) se fait une place au Parlement. Cette liste, au programme par ailleurs plutôt complet, veut « sortir du sortilège républicain » et, côté recherche, considère « toute manipulation génétique, et toute production ou récupération de fœtus doit être strictement interdite ».
Ceux qui ne proposent rien (ou presque)

Pour l’Europe des gens contre l’Europe de l’argent (Ian Brossat, PCF) ne propose aucune mesure spécifique ESR.
Les Patriotes au Parlement européen (Florian Philippot, Les Patriotes) préconisent avant tout une sortie de l’Union européenne.
Décroissance 2019 (Thérèse Delfel) ne propose pas de mesures spécifiques ESR, même si certains points de son programme y sont indirectement liés.
– Le Parti révolutionnaire communistes (oui, il y a un “s”), dont la liste est menée par Antonio Sanchez, ne dispose pas d’un programme clair et n’a apparemment pas eu le temps de déposer une profession de foi.
Contre le grand capital, le camps des travailleurs (Nathalie Arthaud, Lutte ouvrière) ne propose aucune mesure spécifique ESR.
– Le programme d’Ensemble pour le Frexit (François Asselineau, UDR) est clair : le Frexit, le Frexit, le Frexit.
Alliance jaune, la révolte par le vote (Francis Lalanne) ne propose pas de mesures “ronds de cuir” (attention, trait d’humour).
– Rien du côté du mouvement initiative citoyenne (Gilles Helgen), qui n’a qu’une proposition : mettre en place le référendum d’initiative citoyenne au niveau européen.
– On aurait bien dit un mot, voire fait un peu de mauvais esprit, à propos de La ligne claire, la liste de l’essayiste Renaud Camus, mais il l’a lui-même reniée le 22 mai après qu’une de ses colistières ait dessiné une croix gammée à la plage. Donc bon…

Les propositions des listes suivantes sont trop catégorielles : Les oubliés de l’Europe, le Parti animaliste, Langue commune et équitable pour l’Europe, A voix égales, Démocratie représentative, Neutre et actif. Enfin, nous n’avons pu consulter le programme exact de l’Union pour une Europe au service des peuples, leur site étant hors ligne.
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Et pour finir

(NO SPOILER)

On a commencé cette news avec Game of thrones, on la clôturera également sur la série phénomène de George R R Martin, dont la dernière saison est apparemment à couper le souffle surtout quand on apprend que Daenerys est en réalité… Non pas de spoiler, on avait promis.
 
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Outils

Renater, une solution pour les gros fichiers


Renater, c’est le fournisseur d’accès internet (FAI) de beaucoup de chercheurs en France. Sachez que ce FAI pas comme les autres, puisque c’est le vôtre, vous propose dorénavant un service équivalent, après connexion et avec vos identifiants, à celui de Wetransfer pour l’envoi de fichiers lourds, voire très lourds : jusqu’à 100 Go.
Attention toutefois, le lien de partage expire au bout de trois semaines, ce qui pourra être un peu court pour certaines utilisations. Renater assure néanmoins avoir mis à l’étude l’extension de cette durée.  
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Interview

Thierry Galli : « On entend parler d’excellence mais pas de rigueur »

Comment monter un institut de A à Z et l’amener au plus haut niveau dans une discipline émergente ?

Thierry Galli, fondateur de l’Institut de psychiatrie et de neurosciences de Paris (IPNP) qui a emménagé il y a quelques mois, en a une petite idée, tout comme sur le recrutement et l’évaluation des chercheurs. Interview.

L’IPNP est un tout jeune institut, comment avez-vous recruté les chercheurs qui le composent aujourd’hui ?


Cela s’est fait de la façon suivante : l’unité Inserm était alors en bout de course et la mission qui m’était confiée par les tutelles (Inserm et Université Paris-Descartes) était de la replacer sur la scène internationale de la recherche en psychiatrie et neurosciences. Le conseil scientifique de six personnes que nous avons réuni, travaillant intégralement hors de France, a été chargé d’évaluer les candidatures reçues suite à un appel d’offre pour des chefs d’équipe. Les chercheurs de l’ancienne unité désireux de diriger ou continuer à diriger une équipe devaient aussi candidater. Nous avons fait tabula rasa d’une certaine manière et c’est certainement ce procédé qui a été le plus innovant par rapport aux habitudes françaises. Nous avons pu faire venir des gens d’horizons très divers (des neurosciences moléculaires et cellulaires jusqu’à la recherche clinique) même si ils sont moins larges qu’espérés, puisque l’interdisciplinarité que nous désirions, avec des mathématiciens, des physiciens… n’a pu se faire.

A l’heure où l’impact factor est décrié, comment le conseil scientifique a-t-il procédé ?


Ils ont utilisé des critères classiques et de notoriété, y compris les IF des journaux mais pas uniquement. Ils ont surtout passé beaucoup de temps à auditionner les candidats. C’est la clef. Il y a plusieurs problèmes bien connus avec les IF et pour l’évaluation l’on peut résumer en disant: un article dans un journaux dont l’IF est 20 n’est pas nécessairement et automatiquement “scientifiquement ou techniquement meilleur” ou “d’impact double dans le domaine” qu’un article publié dans un journal dont l’IF est 10. Il faut toujours regarder le contenu précis (qualité des données et de leur interprétation) et évaluer l’impact dans le domaine scientifique. Pour cela, il faut bien connaître le domaine et savoir positionner les travaux avec des experts. A distance, le nombre de citations d’un article peut être utilisé à condition de vérifier qu’il n’est pas cité parce qu’il est contredit. Bref, on est en droit de prendre en compte le journal dans lequel a été publié les travaux pour se faire une idée de l’effort qu’il a fallu pour qu’ils soient publiés mais cela n’épargne pas une évaluation approfondie. En passant beaucoup de temps, c’est ce que notre SAB a fait pour l’IPNP.

Pourtant tout le monde veut publier dans Nature, Cell, Science…


C’est l’attrait de la marque : ils ont été extrêmement intelligents en la déclinant pour élargir leur assise éditoriale. Il en va de même quand on achète une voiture, on décide souvent de la marque puis du modèle, les gens peuvent être fidèles à une marque toute leur vie. Ces journaux les plus en vue recherchent le tremblement de terre permanent, la preuve définitive. Avec leurs titres secondaires, les auteurs sont tentés de rester chez le même éditeur, un peu comme si, ne pouvant se payer le cabriolet de la marque, l’on restait malgré tout fidèle en achetant la petite citadine. Fondamentalement, le problème est que quand on veut évaluer des chercheurs, deux paramètres sont également importants : la rigueur et la créativité. L’une ne devrait pas aller sans l’autre. La condition première et obligatoire pour recruter est la rigueur. Sans rigueur, on peut se fourvoyer et fourvoyer ses collègues or, depuis dix ans, on entend trop peu parler de rigueur et beaucoup trop d’excellence. La prime trop importante à la nouveauté et à la créativité sans bonne estimation de la rigueur est probablement la cause de rétractations d’articles médiatiques.
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Et pour finir

A story of anatomy

Ce schéma assez malaisant qui court actuellement les réseaux sociaux est l’oeuvre d’un artiste appelé Chris Simpsons pour son nouveau livre A story of life et non, fort heureusement, pour un manuel d’éducation à la grossesse. On pourra s’amuser à compter les erreurs anatomiques. Le même Chris Simpsons commercialise d’ailleurs sur son site un pin’s qui pourrait tout à fait être porté au revers de nombreuses blouses.

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Les 15 commandements d’un bon papier


La beauté intérieure d’une recherche doit se voir à l’extérieur.
En effet, pour qu’une publi passe avec les honneurs l’étape du peer reviewing, faire un effort sur la présentation et la clarté ne peut qu’être bénéfique. Ce papier de Nature liste une quinzaine de bonnes pratiques à suivre pour rendre la tâche du reviewer plus agréable. Même si certains de ces conseils sont plus adaptés à la discipline de l’auteur (la climatologie), la plupart sont génériques, comme l’utilisation d’un grand interlignage, des polices de bonne taille mais aussi éviter De Trop Nombreuses Abréviations (DTNAb) ou les formules toutes faites, telles que “changement de paradigme”, usées jusqu’à la corde. Ce qui, en soit, serait déjà un changement de paradigme.
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Actualité

Un remède pire que le mâle

L’égalité homme-femme avance à grands pas.
Et dans la science peut-être plus vite que dans d’autres secteurs, comme le prouve cette recommandation du conseil scientifique du CNRS parue mi-avril, qui incite ses personnels à ne participer qu’à des manifestations “où les femmes sont présentes à tous les niveaux (…) dans une proportion atteignant, ou dépassant celle de la discipline”. Beaucoup reste néanmoins à faire et parfois la loi n’y peut rien, comme le suggère une étude du LIEPP de Sciences po, discutée lors d’un colloque le 5 avril dernier, qui analyse les effets d’une loi de 2012 appliquée depuis 2015 imposant des quotas homme/femme dans les jurys de recrutement pour les postes académiques. Ses résultats sont pour le moins inquiétants, puisque la réforme aurait un effet négatif sur la proportion de femmes embauchées, dans des disciplines comme les mathématiques, la physique, la pharmacologie… Les explications satisfaisantes manquent encore, même si l’auteur Pierre Deschamps fait plusieurs hypothèses : les deux premières stipulent que les femmes seraient plus dures avec leurs consoeurs, soit à cause du “queen bee syndrom”, soit par peur de la réaction de leurs collègues hommes. La dernière, plus classique et qui a la faveur de l’auteur, veut tout simplement que les hommes soient à la manoeuvre derrière ces discriminations.
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Actualité

Histoires de reviewers fantômes

Des chercheurs en début de carrière qui font de la review d’article pour leur directeur sans être ensuite crédités au générique ?
D’après cette étude parue en preprint sur BioRXiv, le cas semble plus que fréquent. L’équipe de chercheurs américains s’est en effet penchée sur ces coups de main pas tout à fait officiels que les juniors rendent à leurs aînés, en d’autres termes du “ghostwriting”. Constatant le peu de littérature sur la question, ils ont réalisé un sondage auprès de 500 jeunes chercheurs, très majoritairement en sciences de la vie, dont les résultats sont parlants : la moitié des sondés ont reviewé un papier sans être cités… malgré le fait que près de 80% d’entre eux trouvaient le procédé non éthique.

Et si les règles des revues étaient également en cause ? En effet, à les écouter, le fait que certaines publications n’autorisent pas le co reviewing ou qu’il nécessite une autorisation préalable de l’éditeur freinent la déclaration des reviewers fantômes.