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Actualité

Le système APC et au delà

Gratuit pour les lecteurs, oui, mais payant pour les auteurs. C’est le principe du système des article processing charge (APC), qui prend de plus en plus d’ampleur. Certains éditeurs sont des organisations à but non-lucratif, d’autres sont à but uniquement lucratif…
D’autres modèles sont discutés aujourd’hui chez les éditeurs, comme en témoigne une employée de PLOS. Parmi de nombreuses alternatives, une organisation collaborative entre les éditeurs et les institutions est évoquée. D’ailleurs, Research England vient de mettre 2 millions de livres sur la table pour aider les petites structures d’éditions se lançant dans le libre accès.
Et le peer review 100% gratuit, c’est possible ? Presque ! Un exemple : le journal Atmospheric Chemistry and Physics, géré par la communauté scientifique, propose la publication d’articles pour moins de 100 euros par page, avec en plus un peer reviewing transparent.
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Et pour finir

L’habit ne fait pas le doc

La thèse est un long fleuve pas toujours tranquille. Alors pour en témoigner, Caitlin Kirby, une étudiante américaine a décidé de faire un pas de côté en se confectionnant une jupe faite du best-of de toutes les lettres de refus qu’elle a dû essuyer en quatre ans et demi. Le jury a adoré et, oui, elle a eu son doctorat. 
(Via Washington post)
 
 

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Outils

Les outils de l’ouverture

Pour archiver
Des bibliothécaires rennais vous ont préparé une présentation assez exhaustive sur pourquoi et comment déposer sur archives ouvertes vos publications.

Pour trouver son journal en libre accès 
La base de données Sherpa-Romeo recense l’ensemble des journaux et leurs politiques de publication avec un code couleur. Il existe aussi Directory of Open Access Journals (DOAJ) où on peut rechercher par mot-clé les articles. Lorsqu’on parle d’APC, attention aux journaux prédateurs ! La liste circule sur internet, soyez prudent.

Pour consulter 
Unpaywall est une extension de navigateur qui permet d’accéder, en un clic, à une version en libre accès d’articles publiés dans des revues payantes. Une alternative (légale) à Sci-Hub qui peut vous faire gagner du temps.
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Interview

Guillaume Dumas : « Ne plus se rendre complice du système qu’on dénonce »

En parallèle de ses travaux sur l’autisme à l’Institut Pasteur, Guillaume Dumas est très impliqué dans les questions de science ouverte. Le co-fondateur de HackYourPhD casse les clichés sur l’open access.

Que répondez-vous aux chercheurs qui disent : « L’open access, c’est
bien beau, mais je n’ai pas 2 000€ à dépenser pour publier des articles » ?

Premièrement, déposez à minima vos preprints sur des archives ouvertes comme HAL pour les rendre accessibles. Pour les petits budgets, il est possible de négocier avec certains journaux les APC [article processing charge, NDLR]. Ils sont notamment diminués voir annulés pour les pays en voie de développement. A long terme, on pourrait transformer le système actuel où les institutions paient très cher des abonnements aux éditeurs et utiliser cet argent pour payer les publications [et mettre en open access, NDLR]. En attendant, chaque chercheur peut budgétiser ses publications dans les demandes de financements, en rajoutant les APC. Les financeurs veulent de la visibilité donc cela ne leur posera aucun problème.

Certains chercheurs publient dans des revues à l’accès payant, et mettent par ailleurs une version sur un site d’archives ouvertes. Qu’en pensez-vous ? 

Ce n’est qu’une solution de transition, qui répond à la pression sur les CV des chercheurs. Il faut que chacun fasse un effort pour modifier ses habitudes et ne plus se rendre complice du système que la communauté dénonce. En sociologie des sciences, on parle de l’importance du crédit des travaux de recherche, aujourd’hui détenu par les éditeurs. Il faut absolument changer ça. Certains font confiance aux revues payantes comme garantes de la qualité et de la rigueur scientifique, mais ce n’est pas forcément vrai. Au contraire, il y a une corrélation entre le taux rétractation et le facteur d’impact des journaux.

Peut-on avoir un bon CV tout en publiant en libre accès ? 


Ce n’est pas évident et il y a une très forte inertie. Certains journaux en libre accès ont déjà un impact factor haut, comme PLoS Biology ou eLife, mais pas tous. En thèse, j’avais insisté pour publier un de mes résultats dans une revue en libre accès, et c’est aujourd’hui ma publication la plus citée ! Lorsque l’on a une posture clairement affichée, les gens comprennent. Je remarque quand même que les mentalités changent parmi les jeunes chercheurs, et c’est encourageant.

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Actualité

On a lu pour vous… le jaune et le bleu budgétaire

Le PLF2020, ça ne dit pas grand chose à grand monde

Et pourtant, le projet de loi de financement, voté tous les ans est un jalon incontournable, y compris pour la recherche. Au moment où les députés se penchent sur le PLF, le ministère du budget a publié le jaune budgétaire, précédé il y a quelques jours du bleu budgétaire, soit les dépenses ligne par ligne pour l’année prochaine, en particulier en matière d’emploi. Une lecture certes ardue mais expurgée des éléments de communication gouvernementale. Se concentrer sur le programme 172, le terme désignant en langage budgétaire les « Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires », hors recherche spatiale, d’un poids de 6 milliards d’euros, est instructif et permet, institution par institution, de connaître le nombre de postes ouverts, fermés ou transférés en 2020 et les crédits alloués : par exemple, zéro poste en plus pour le CNRS, zéro pour l’Inserm, zéro pour l’IRD, 960 en plus au sein de l’INRA… mais suite à la fusion avec l’IRSTEA, qui sera effective au 1er janvier prochain. Seule l’Agence nationale de la recherche voit ses effectifs passer de 267 à 272 postes en équivalents temps plein. Seul “opérateur” bien loti, le Commissariat à l’énergie atomique, qui gagne lui 140 postes (18 545 en 2020) ! Les autres attendront 2021, ou pas.
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Et pour finir

Sortie entre filles

Les astronautes Jessica Meir et Christina Koch ont réalisé une première : une sortie spatiale uniquement féminine. 
Si vous voulez savoir pourquoi cela a pris 61 ans à la Nasa, c’est sur The Verge (no pun intended) que vous l’apprendrez. Ne reste plus qu’à envoyer une douzaine de femmes sur la Lune pour voir si elles y seront aussi maladroites que les hommes

   
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Interview

Serge Janicot : « L’émotionnel est crucial »

Il y a deux semaines, quelques chercheurs ont pris la parole, dont François Gemenne, alors que le mouvement Extinction Rebellion bloquait la place du Châtelet pour dénoncer l’urgence climatique. Serge Janicot, chercheur de l’IRD, n’est pas un habitué de ce genre d’événement, mais a pourtant accepté d’y participer. Il nous dit pourquoi.

Qu’avez-vous dit le 10 octobre, rue de Rivoli, et quelles ont été les réactions ?

Extinction Rebellion (ER) cherchait des scientifiques pour faire une tribune à propos des conséquences du changement climatique sur les migrations. Il se trouve que c’est mon domaine de recherche. C’était très informel. L’important pour moi était de délivrer un message scientifique, qui est qu’il existe déjà des zones inhabitables en Afrique subsaharienne à cause du changement climatique. Les gens étaient intéressés, très réceptifs. Ils ont posé beaucoup de questions à propos des solutions, mais ont également abordé la question des sentiments chez les scientifiques.

Justement, un chercheur peut-il faire part de son sentiment personnel ?


L’émotionnel est crucial lorsqu’on veut faire passer un message, y compris scientifique. Surtout sur le changement climatique, qui reste un problème souterrain pour la plupart des gens. Face à un discours neutre sans émotion, les citoyens ne s’inquièteront pas, et ne réagiront pas. Au contraire, la peur, si on ne se laisse pas déborder par les émotions, pousse à l’action.

Vous considérez-vous comme militant ?

Les mouvements de désobéissance civile sont intéressants mais je ne suis pas militant. Disons que je suis un scientifique engagé et sympathisant de ces actions. Les résultats scientifiques montrant l‘urgence, la démission de Nicolas Hulot, les marches pour le climat ou les grèves de lycéens m’ont donné une impulsion pour aller plus communiquer en direction du grand public en tant que chercheur. Au sein de mon laboratoire, on trouve tout le panel : des scientifiques qui souhaitent rester absolument neutres, des chercheurs qui veulent communiquer plus, et certains qui sont carrément très engagés. 
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Interview

Thomas Coudreau : « Un docteur n’est pas plongé dans ses grimoires »

Au moment où s’ouvre le PhD Talent fair, le président du Réseau national des collèges doctoraux Thomas Coudreau revient sur ce qu’est un docteur aujourd’hui… et sur ce qu’il pourrait être demain.

Le rapport n°3 de préparation à la LPPR rendu mi-septembre préconise de recruter 20% de chercheurs parmi les hauts fonctionnaires. Votre avis ?

Je signe des deux mains cette proposition. Je suis d’ailleurs content de voir que Bruno Le Maire rappelle qu’il a été chercheur [lors de l’inauguration de Criteo le 3 octobre dernier, l’intéressé est en réalité titulaire d’un master NDLR]. Cela montre une compréhension nouvelle de l’apport de la formation par la recherche. Il est encourageant que les administrations publiques se disent qu’un docteur ou un chercheur n’est pas plongé dans ses grimoires sans applications pratiques, qu’il peut avoir un impact.

A quoi seraient utiles les docteurs ?

Je raisonne en citoyen : quoi de mieux qu’un docteur pour remplir certaines fonctions, ça fait vraiment sens pour moi… cela constituerait à la fois des débouchés pour les doctorants mais surtout je pense que cela améliorerait la prise de décision publique. Pour cela, il faut un travail de terrain : je ne crois pas tellement aux déclarations incantatoires ni au grand soir sur le sujet. La perception doit évoluer des deux côtés. En tous cas, les universitaires sont prêts.

Quels dispositifs sont une réussite dans la diversification des carrières doctorales ?

Je prendrai pour exemple les thèses Cifre : un des rares dispositifs d’Etat qui réussit depuis 40 ans à rapprocher le monde de la recherche et les industriels, même si il faut être vigilant à la qualité des doctorants et des projets pour être sûr de ne pas en perdre le bénéfice. Je suis d’ailleurs pour étendre le dispositif Cifre à l’ensemble de la fonction publique y compris d’Etat, chose impossible encore aujourd’hui. 

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Actualité

Un contrat du troisième type

En exclusivité dans les EPIC et fondations, bientôt disponible dans tout l’ESR, voici le CDI… à durée déterminée. Explications.

Avec ce décret d’application paru le 6 octobre au Journal officiel, le contrat de chantier entre doucement mais sûrement dans les mœurs de l’ESR. Ce texte fixe la liste des établissements pouvant maintenant recourir à ce nouveau type de contrat : il s’agit des EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) et des fondations reconnues d’utilité publique ayant pour activité principale la recherche publique.

Un licenciement pour finir
Cette disposition nous vient du monde du BTP et de la construction navale, qui fonctionnent le plus souvent par contrat dont la date de fin est parfois révisée. C’est donc un contrat à durée indéterminée qui n’en est pas vraiment un, puisqu’il prend fin avec le projet. Pour les EPIC et les fondations, l’article du code de la recherche laisse certaines conditions comme le montant des indemnités de licenciement ou les modalités de priorité à la réembauche du salarié en fin de contrat à la discrétion d’un accord d’entreprise. Par contre, il est clair que la rupture du contrat à la fin du projet devra reposer sur une cause réelle et sérieuse, comme la plupart des licenciements hors faute professionnelle.

Durée déterminée ou pas ?
Pour Patrick Monfort, secrétaire général du SNCS, « C’est un CDI mais en fait c’est un CDD… c’est du foutage de gueule. On veut nous faire croire qu’on va lutter contre la précarité des jeunes, mais cela va ne faire qu’empirer la situation. On ne résoudra pas les problèmes d’attractivité avec des mesures comme ça ». Le co-responsable du groupe de travail à l’origine du rapport n°2 pour la LPPR, Philippe Berta, tempère : il s’agit selon lui « d’un outil parmi une grande palette, qui doit remplacer le postdoc traditionnel ». L’enjeu serait aussi de contourner la durée de 4 ans maximum au-delà de laquelle un CDD ne peut plus être renouvelé : « Le contrat de chantier accompagne le fonctionnement sur projet de la recherche. J’ai des collègues qui peuvent payer un postdoc sur leurs projets de recherche, mais qui ne peuvent pas renouveler les CDD », nous confie Philippe Berta.

Prélude à une généralisation
Tout semble s’enchaîner parfaitement. En août, la loi de “transformation de la fonction publique” définissait dans l’article 17 la possibilité de recourir à un « contrat à durée déterminée dont l’échéance est la réalisation du projet ou de l’opération ». Aucun décret n’est encore paru mais ce n’est certainement qu’une question de temps. En effet, il y a deux semaines, dans les rapports de préparation de la LPPR, on trouvait également l’idée d’un « contrat à durée indéterminée de mission scientifique » similaire à celui défini pour les EPIC et fondations. Tous les éléments sont donc réunis pour leur généralisation à l’ensemble des établissements de l’ESR sous peu.