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Je vous fais chevalier de la médiation


Et pourquoi pas des Palmes académiques
de la médiation ?
Médiation scientifique, sciences participatives… vous vous tournez vers la société ? Vous serez récompensés.

Si les rapports annexes en dessinaient les grandes lignes, les premières mesures découlant de la loi de programmation de la recherche sur la thématique « Sciences et société » ont été dévoilées hier. L’objectif ? Une reconnaissance de l’engagement des chercheuses et chercheurs, au sens large, qui agissent pour une science ouverte à la société. Concrètement, les plus « talentueux » pourront être récompensés dès 2021 grâce aux distinctions suivantes :  

Une médaille « médiation » du CNRS  pour des actions ponctuelles ou pérennes, individuelles ou collectives, à destination du grand public, des scolaires, étudiants ou des acteurs du privé. Attribuée en juin, elle serait remise par la ministre en personne à la Fête de la science. 

Un prix « recherches participatives » côté Inrae délivré par un jury mixte chercheurs / société civile. Alors qu’une tradition de liens étroits avec les agriculteurs existe, l’institut précise diversifier aujourd’hui ses collaborations. Un exemple parmi d’autres : la collecte de données de terrain avec des associations de défense de l’environnement.

Un nouveau profil « médiation » de délégations à l’IUF  (Institut universitaire de France) pour les enseignants-chercheurs. Seulement quatre délégations « médiation » (deux juniors et deux seniors) seront créées en 2021 mais l’objectif est d’atteindre 40 en 2023. L’IUF va voir son nombre de délégations presque doubler au global (de 110 aujourd’hui à 200 en 2023), avec la création d’un autre profil, « innovation » – nous aurons certainement l’occasion de vous en reparler.
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Et pour finir

3 questions à… Claude Diebolt : « Un classement victime de son succès »

La section 37 du CNRS – économie et gestion – vient d’annoncer la fin de son classement des revues. Explications avec son président, Claude Diebolt.

Quel problème posait le classement des revues de la section 37 ? 

En soi, le classement ne posait pas de problème hormis d’avoir été victime de son succès. A sa création en 2003, il était l’un des rares, si ce n’est le seul disponible en France, et nombre d’institutions se le sont naturellement approprié. Ce faisant, le classement est devenu un outil de référence reconnu mais sans doute doté d’un pouvoir d’évaluation quelque peu démesuré.

La décision a-t-elle été facile à prendre ? 

L’arrêt du classement est étroitement lié à la politique scientifique du CNRS. Celui-ci a fait circuler sa feuille de route en novembre 2019 suite à la signature de DORA. Cette charte prône le retour à une évaluation plus qualitative. En accord avec les principes de science ouverte, les deux maîtres-mots de l’évaluation des chercheurs sont désormais ouverture et transparence. Après débats contradictoires, la section 37 a collectivement voté en faveur de l’arrêt de son classement.

Sur quels critères allez-vous vous appuyer dorénavant ?

Au lieu d’un inventaire à la Prévert, nous demandons aux chercheurs d’expliciter l’apport à la connaissance de leurs productions scientifiques : la portée, l’impact, et leur contribution personnelle. Ainsi, toutes les formes de production de connaissance sont considérées : publications académiques au sens strict bien sûr, mais également création d’une nouvelle base de données, d’un nouvel algorithme, de nouvelles méthodologies d’enquêtes, etc.
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Outils

Evaluer la reproductibilité avec PLOS

Testez votre contribution à la reproductibilité des recherches ! 

La maison d’édition à but non lucratif PLOS propose un test en quelques questions pour évaluer votre niveau d’engagement sur le sujet. Peut-être contribuez vous à la reproductibilité des recherches sans le savoir ! Des conseils et tutos sont disponibles à la suite du test. Données toujours, le CNRS publie son guide des bonnes pratiques. Ne vous laissez pas décourager par la centaine de pages, elles traitent efficacement de sept étapes fondamentales pour la recherche, de la conception du projet à la diffusion des résultats.
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Le droit invité à plus de clarté

Aussi transparent que le nouveau Palais de justice de Paris
Déclarer ses liens d’intérêt est plus courant dans le biomédical qu’ailleurs. Cela est-il en train de changer ?

Déontologie avant tout. La publication récente d’un avis du conseil de déontologie sur les enseignants chercheurs en droit est instructive. Ce document les invite en effet à clarifier le statut de leurs travaux, entre collaborations extérieures et travail académique pur. 

Incitation douce. Charge à ces derniers en effet « d’indiquer aux lecteurs les éventuelles activités d’expert, de conseil ou d’avocat qu’ils ont pu avoir dès lors que ces activités présentent un lien quelconque avec leur projet de publication ». Rien d’obligatoire néanmoins.

Déclare, je le veux. Cet avis est publié dans un contexte particulier : deux universitaires — Julien Icard et Elie Cohen — avaient en effet été sommés en décembre par Veolia de déclarer leurs éventuels liens d’intérêts avec Suez sur fond de méga-rachat inamical. L’affaire avait grand bruit dans le milieu universitaire. 

Pas automatique La pratique est courante dans le biomédical (un exemple) et est organisée par les éditeurs, ce qui n’est pas (encore) le cas en droit. La déclaration d’intérêts fait l’objet d’un intérêt grandissant de la part des tutelles mais rien n’indique qu’elle devienne systématique pour le moment.

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Êtes-vous un oiseau rare ?


Il y en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler
Le ministère veut lancer une enquête sur les « disciplines rares ».

De quoi parlons-nous ? Les disciplines rares, appelées aussi petites disciplines ou, plus joli, les « disciplines orchidées », sont des champs de recherche comportant peu de personnel en leur sein. Il existe parmi elles des disciplines émergentes, comme l’exposologie (qui mêle toxicologie et épidémio) ou certaines plus vénérables, comme les langues rares ou anciennes.

Aux avants-postes. Nos cousins allemands ont un temps d’avance sur le sujet puisque les Kleine Fäscher sont un sujet à part entière outre-Rhin, dôtés de financements conséquents (30 millions d’euros par an), d’une cartographie précise (en allemand, désolé) et même d’une liste exhaustive (en français cette fois). Et dans l’Hexagone ? C’est compliqué.

A quand des datas ? Bien que le sujet soit sur la table depuis au moins une dizaine d’années et malgré la remise de ce rapport, la France fait pour l’instant l’économie de données fiables sur ce sujet. Le ministère de la Recherche a ainsi annoncé le lancement d’une consultation le 11 janvier en partenariat avec l’Allemagne… mais qui attend toujours. 

Une question de souveraineté  Pour certains, il y aurait de nombreuses raisons de s’inquiéter de ce retard français, la première étant de perdre la main au niveau mondial dans certaines matières, comme les langues slaves, ou d’accumuler les retards dans des disciplines émergentes. On est d’accord, le débat n’est pas vraiment neuf mais pourquoi ne pas s’en emparer à nouveau ?
Espèces menacées 
Comme les animaux, les chercheurs et enseignants chercheurs de discipline à effectif réduit sont parfois soumis à une pression importante, qui peut mener à la disparition de pans entiers de savoir, très difficile à recréer ex nihilo. Trois raisons à cela, comme les résume ce document
Une image démodée. Etudier la cristallographie ou l’araméen ? Pas très excitant pour des étudiants à l’approche d’un choix de carrière.
Une démographie vieillissante. Corollaire du 1, leurs effectifs tendent à diminuer d’année en année.
Des contraintes financières. Outre la difficulté pour les chercheurs à obtenir des financements, les disciplines rares sont rarement chouchoutées dans les universités, surtout de recherche intensive.
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Approuvé par l’Elysée


Un autographe sur un cahier de manip’
Quels étaient les enjeux de la visite présidentielle de jeudi dernier ? 

Emmanuel Macron est venu aux labos. Et pas n’importe lequel : le centre de nanosciences et de nanotechnologies de Palaiseau, dépendant du CNRS et de Paris-Saclay, est l’une des fiertés de la recherche française. Une “séquence”, comme disent les communicants, en deux temps.

Face A : la déambulation

Des chercheurs en vitrine. Avec pour guide le directeur du C2N, le Président a déambulé dans les couloirs et admiré à travers les fenêtres des hommes en blouses vertes dans les salles blanches – ces salles très propres où ont lieu fabrication, assemblage ou même expérience d’une extrême précision. Par des signes de la main, ils se saluent et se remercient.

Quandela, la star(up). Emmanuel Macron passera plus de temps avec Quandela, une startup accueillie par le CNRS. Dans une salle remplie de tables optiques et de cryostats sifflant, un doctorant de seconde année présente la “manip”. Le Président lui demandera ce qu’il veut faire plus tard : rester dans la recherche – ouf ! A condition d’avoir un poste.

Echange de bons procédés. Valérian Giesz, co-fondateur de Quandela ne s’arrête plus de remercier le Président et les services de l’Etat qui ont aidé la start-up depuis son lancement : « Quandela est derrière vous ». En échange d’un cadeau – une source de photons uniques fibrée sur puce – Emmanuel Macron signe leur livre d’or.

Tandem. Enfin, deux paires d’acteurs privés, à chaque fois un gros industriel et une petite startup, présentent leurs dernières avancées : Thalès et Muquans sur les capteurs (c’est-à-dire antennes et mesures inertielles), Atos et Pasqal sur les ordinateurs quantiques. Les entrepreneurs sont confiants : la France n’est pas en retard.

Face B : le discours

Des chercheurs heureux. Dans le hall du C2N, sont présents pour le discours quelques chercheurs, mais aussi des acteurs du privé comme Olivier Ezratty. Ce sont eux qui poussent pour ce plan depuis 2018 et ils sont aujourd’hui récompensés. Comme le physicien Alain Aspect, mentionné plusieurs fois lors de la visite et qui a été cité par le Président pendant son discours.

Le sens du poil. Collectif et coopération sont des mots qui reviendront plusieurs fois dans la bouche du Président qui a remercié les chercheurs dans leur ensemble : « c’est grâce à vous » et « votre travail »… et mis en avant une recherche libre – voulant certainement trancher avec de récentes polémiques.
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Être quantique (ou ne pas être)


Le prochain processeur sera quantique
Science-fiction pour les profanes, défi pour les physiciens, enjeu pour les étants, le quantique fascine. Voilà pourquoi.

Back in the days. Le quantique, c’est quoi ? Des nouvelles technologies informatiques et de communication basées sur les principes de la mécanique quantique. Cette dernière a révolutionné la physique à partir des années 1920 avec des concepts qui ont fait tourner les méninges des plus grands physiciens et mathématiciens : Planck, Einstein, Dirac, Heisenberg…

Un monde parallèle. Parmi ces concepts, on peut citer la superposition d’état : tel le chat de Schrödinger à la fois mort et vivant, une particule peut être dans deux états en même temps tant qu’on ne la “regarde” pas. Mais aussi l’intrication – deux particules ont des corrélations fortes même si elles sont très éloignées.

Un potentiel à explorer. Les applications de ces concepts aux technologies de l’information datent des années 1980-90 avec le développement de protocoles de cryptographie plus sécurisés, mais également d’algorithmes beaucoup plus efficaces. Toujours en théorie bien sûr.

Souveraineté. Des applications qui intéressent bien sûr la défense, que ce soit en France avec la direction générale de l’armement (DGA) ou bien aux Etats-Unis avec la Darpa. Rester dans la course internationale est donc une question de souveraineté nationale tant sur le plan industriel que sur le plan militaire, comme l’a souligné Emmanuel Macron dans son discours à Saclay.

La révolution en marche. Ces technologies quantiques ont beaucoup avancé grâce à la recherche fondamentale depuis 20 ans, et même si l’ordinateur quantique n’est pas pour demain, on semble être à un moment charnière. En quelques années, de nombreuses start-up de technologies ont éclos – une vingtaine rien qu’en France – et semblent trouver des investisseurs et de potentiels clients – notamment dans la finance.
Le plan quantique en quatre points 

Une enveloppe conséquente. L’Etat promet un investissement total de 1,8 milliards d’euros sur quatre ans – provenant pour environ un milliard de ses poches, 500 millions d’euros du privé et le reste de l’Europe. Le paquet est mis sur l’ordinateur quantique avec 800 millions d’euros.

Combien pour la recherche fondamentale ? 725 millions d’euros seront distribués aux organismes de recherche. L’entrepreneuriat (fonds d’investissement, incubateurs) est aussi à l’honneur avec presque 440 millions d’euros. Pour comparaison, l’Europe avait lancé en 2018 un Quantum Flagship à hauteur de 1 milliard d’euros sur dix ans.

Instituts et universités. Le programme et équipement prioritaires de recherche (PEPR pour les intimes, 150 millions d’euros pour début 2021) sera piloté conjointement par le CNRS, le CEA et l’Inria. Mais les universités n’ont pas envie d’être oubliées et l’Udice a mis en avant trois grands “hubs quantiques” français parmi ses ouailles (Paris-Saclay, Grenoble-Alpes et Paris Centre).

Et les permanents ? Au niveau humain, 100 bourses de thèse ainsi que 50 financements de postdocs sont prévues par an. Auxquelles viennent s’ajouter 10 bourses jeunes talents par an pendant cinq ans. Pas de postes permanents, donc, pour encadrer tout ce beau monde.