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Actualité

Twitter, le nouveau Pubpeer ?


Le club de lecture s’exporte sur les réseaux
Détecter plus tôt des problèmes dans des publications scientifiques via Twitter, pourquoi pas ?

Buzz et rétractations. Le principe est simple : après avoir sélectionné trois articles portant sur la Covid-19 ayant généré beaucoup d’attention sur Twitter (dont celui du Lancet sur l’hydroxychloroquine), les auteurs de cette étude parue dans Scientometrics ont analysé et collecté des milliers de tweets les mentionnant ainsi que leur notice de rétractation.

Sur le principe. Pour deux des trois des articles étudiés, des signes avant-coureurs ont pu être détectés sur le réseau social, révélant des doutes sur la validité des résultats. L’étude est bien sûr à réitérer à plus grande échelle mais les auteurs suggèrent un système d’alerte sur Twitter – complémentaire à PubPeer – basé sur des mots-clés à définir pour chaque discipline.
Un indicateur de qualité ?

Les articles rétractés sont l’objet de plus de mentions sur Twitter ou PubPeer, même si l’explosion peut avoir lieu après rétractation. En conséquence, ils peuvent paradoxalement bénéficier d’une plus grande visibilité et ainsi fausser les altmetrics, qui comptabilisent entre autres le nombre de mentions sur Twitter (relire notre numéro spécial altmetrics).
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Outils

Le logiciel Why3 trouve vos erreurs

Vérifier vos programmes… grâce à un programme !  

Si vous codez, vous savez qu’il existe des tonnes de logiciels de vérification. Why3 est l’un d’entre eux, sauf qu’il a été développé par des chercheurs français ! Il vient de fêter ses 10 ans et sa particularité est d’allier un assistant automatique avec un second plus manuel pour les parties de code les plus complexes. Vous pouvez même l’essayer dans votre navigateur.
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Interview

Nick Holmes : « Suis-je exempt de péché ? »

Le neurobiologiste britannique Nick Holmes vient de se livrer à une autocritique de ses propres articles sur Twitter : il explique à TMN sa démarche.

Aviez-vous déjà en tête tous les défauts de vos papiers ou avez-vous dû fouiller ?

Certains articles m’inquiétaient depuis leur publication alors que pour d’autres, c’est en les examinant cette année que je m’en suis rendu compte. Un cas intéressant était moins grave que dans mes souvenirs : je croyais pendant quatorze ans avoir supprimé un point de données en tant que “valeur aberrante”. En réalité, j’avais bien conservé ce point mais je n’avais simplement pas utilisé une très bonne méthode pour analyser les données. Je peux arrêter de m’en faire maintenant !

Aviez-vous déjà reçu des critiques sur ces articles après leur publication ?

Je n’ai jamais reçu beaucoup de critiques d’autres chercheurs. En fait, presque rien en 17 ans ! C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai rédigé les tweets. Ces critiques existent peut-être dans des journaux, des clubs de lecture ou d’autres lieux mais il est difficile de les trouver et personne ne vous le dit ! Peut-être que toutes ces discussions devraient être publiées ou centralisées sur PubPeer.

Qu’est-ce qui vous a décidé à faire votre autocritique ?

Je ne suis pas du tout religieux mais c’était Pâques et j’avais en tête « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre » [il faut certainement y voir aussi une référence à La vie de Brian, symbole de l’humour anglais, NDLR]. Je suis pour que la science soit la plus ouverte possible mais elle semble presque être une religion pour certaines personnes, qui n’acceptent aucune transgression chez les autres. Ces grands prêtres sont-ils eux-mêmes exempts de péché ? Et moi dans tout ça ?

Doit-on jeter la pierre aux chercheurs ?

Si la science était véritablement ouverte, le système de recrutement, de financement, d’expérimentation et de publication que nous avons aujourd’hui serait très différent. Pour le moment, jeter des pierres sur certains en raison de la façon dont ils ont été formés ou du système dans lequel ils travaillent n’est pas la bonne approche. Je ne pense pas que de nombreux chercheurs choisissent de faire de la mauvaise science.

Pourtant, vous critiquez vous-même les articles d’autres chercheurs !

En effet, je jette beaucoup la pierre aux revues et aux articles dans un nouveau podcast, The Error Bar. J’essaie d’être juste mais la critique peut toujours blesser. Nous sommes tous humains et nous prenons des décisions biaisées sur ce qu’il faut étudier, comment concevoir des expériences, ce qu’il faut rapporter et ce qu’il faut cacher à nos lecteurs. Il faut s’en souvenir lorsque nous critiquons les autres.
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Actualité

« Le mal est en réalité profond »

On tente un résumé du dernier ouvrage du sociologue Michel Wievorka, consacré à l’islamo-gauchisme.

Il est également président de la
Fondation Maison des sciences de l’homme
.

A point nommé. C’est avec un sens suraigu du timing que le sociologue Michel Wievorka a sorti son ouvrage Racisme, antisémitisme, antiracisme | Apologie pour la recherche (Ed. La boîte à Pandore), sous-titré Rapport à Madame Frédérique Vidal, un évident clin d’œil à l’enquête sur l’islamogauchisme voulue par la ministre (mais qui se fait toujours attendre).

Point de vue. Entre témoignage personnel et analyse, le sociologue y dresse tout d’abord le constat d’un monde universitaire en proie à des affres qui polluent la mécanique de la recherche :« Il existe par endroits dans l’univers (…) de la recherche en sciences sociales un climat délétère, où y compris des scientifiques détruisent le débat scientifique »

Black power. Il enchaîne par une analyse de la naissance des mouvements décoloniaux ou postcoloniaux, qui remontent aux années 60 et 70 sur fond de mouvements pour les droits civiques des Noirs aux USA.« Une caractéristique constante dans les positions identitaires, postcoloniales, décoloniales et autres (…) est la fusion fréquente de l’analyse et de l’action, de la recherche et de l’engagement. »

Dissensus. Importées en France, ces théories aurait contribué à scinder le mouvement antiraciste — particulièrement au sein de SOS racisme — à partir des années 80 pour mener à la situation actuelle. Une scission qui atteint également la recherche : « Il y avait une vie scientifique ouverte, et non pas comme aujourd’hui la combinaison de fermeture nationale et d’emprunts sans recul »

Les deux camps. La polémique autour de l’islamo-gauchisme — très franco-française — tient à l’émergence plus récent d’un deuxième pôle militant, incarné par le Printemps républicain ou l’Observatoire du décolonialisme, notamment. « Un deuxième pôle qui s’est constitué pour affronter idéologiquement et politiquement la nébuleuse postcoloniale, identitaire ou intersectionnaliste sur une base républicaine (…) Il est très mobilisé contre l’islamo-gauchisme, où il pense trouver la principale expression de l’antisémitisme contemporain. »

Eloge de l’entre-deux. Or, l’apparition de ces deux courants militants en opposition médiatique frontale — Jean-Michel Blanquer ou l’Unef, en somme — tendrait à exclure toute voie médiane : « Si vous n’êtes pas du côté de cette nébuleuse, vous ne pouvez exister dans le débat public qu’en adhérant aux orientations de ses ennemis, généralement droitières ou hyper-républicaines. » 

La solution ? Selon le sociologue, il faut plus de recherche et surtout l’enrichir des apports internationaux, au-delà de l’axe franco-américain dans lequel ce débat est confiné. « La plupart des pays d’Amérique latine se déclarent multiculturalistes dans leur constitution (…) mais des pans entiers de la littérature scientifique sur ces questions sont le plus souvent oublieux de cette partie du monde. »

Qu’en pense Frédérique Vidal ? La ministre était reçue le 27 avril à France inter et a précisé avoir reçu « mais pas lu » l’ouvrage de Michel Wieviorka, qui l’avait déposé à l’accueil du ministère. Son “rapport” ne contenait de toutes façons « aucune recommandation puisque celles-ci appelleraient une politique éloignée de celle [du gouvernement] » auquel la ministre appartient.
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Actualité

CDI de mission : possible

Les discussions autour de ce nouveau type de contrat décrié vont aboutir.

Négos à la marge. D’une durée de six ans ou plus, le CDI de mission scientifique fait toujours parler de lui. Après les contrats LRU (utilisés dans quelques grandes universités), le plus protecteur CDI de droit public ou les plus récents CDD de projet, il est actuellement en discussion au sein du ministère avec des syndicats réticents à son application.

Epilogue estival. C’est certainement avant l’été que le décret définitif de cette disposition tant décriée mais bel et bien votée dans la loi Recherche sortira — tout comme celui sur le nouveau contrat des post-docs —, pour être effectif dès la rentrée prochaine. Des points restent à trancher, comme le plafonnement des indemnités et les motifs en cas de rupture.

Pas pour tout le monde. Difficile de prévoir le succès de cette disposition, qui semble taillée pour les ingénieurs et techniciens en sciences expérimentales. Enième exception dans les recrutements de titulaires ou mesurette ad hoc ? L’avenir le dira. 

Les discussions continuent.  Prochaine étape : les revalorisations salariales des enseignants-chercheurs. Par ailleurs, après de nombreux recours, la Ferc-CGT réintègrera le comité de suivi de la LPR où sont discutées toutes ces mesures, en a décidé le Conseil d’Etat.
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Interview

Eric Hardouin : « On ne peut qu’imaginer les besoins en 2030

Qui est Eric Hardouin ?
Plus de détails.


La 6G devrait être déployée vers 2030. Quels en seront les contours ?

Ce que sera en détails la 6G est un grand point d’interrogation mais nous travaillons aujourd’hui à ce qu’elle pourrait être. En termes de nouveaux usages, nous travaillons sur deux axes complémentaires, qui se nourrissent mutuellement : un travail sur les technologies pour repousser les limites de performance possibles, et un travail d’imagination — sans qu’elle soit totalement débridée — pour créer de nouveaux usages qui créent de la valeur pour la société grâce à ces nouvelles performances.

Quels seraient ces nouveaux usages précisément ?

Des capacités de communication plus immersives, une plus faible consommation énergétique dans les villes…. ce que nous développons doit bien sûr être faisable techniquement mais aussi soutenable au niveau environnemental. La condition est que la mise en œuvre de la technologie soit économiquement viable pour tous les acteurs impliqués. On ne peut qu’imaginer les besoins de 2030 : notre hantise est de développer des technologies qui ne servent à rien.

Les enjeux écologiques sont-ils anticipés ?

Nous avons une conviction, celle que la 6G doit être pensée dès le début pour remplir des objectifs sociétaux : par exemple, dépenser beaucoup moins d’énergie pour un bit transmis, améliorer la résilience des réseaux et l’inclusion numérique. Ce réflexe d’améliorer l’efficacité énergétique au moins autant que les débits n’est pas encore présent chez tous les acteurs, mais nous travaillons à faire progresser la prise de conscience.

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Actualité

La 6G, c’est la 5G (en mieux)


Celui-là n’était pas rapide mais réputé indestructible
La prochaine génération des réseaux de data mobile fait l’actu mais n’est pas encore sortie des laboratoires.

En pleine gestation. C’est en Finlande à l’université de Oulu qu’a été lancé en 2018 le premier programme de développement de la 6G au niveau mondial. Depuis, les parties prenantes se mettent en ordre de marche, puisque pas moins de neuf programmes européens se sont lancés depuis janvier 2021, dont Hexa-X. Ce fut également le cas en 2020 aux USA (NextG Alliance), au Japon, en Corée du Sud mais aussi évidemment en Chine.

Encore plus vite. Vous connaissez peut-être la loi de Moore, qui veut que la puissance de calcul double tous les 18 mois. En matière de télécommunications, il s’agit de la loi de Edholm qui décrit une courbe similaire pour les débits de données. En d’autres termes, la 6G apporterait :
 Des débits plus élevés  de l’ordre du terabit par seconde (20 films en HD), soit à 10 à 100 fois plus que la 5G. 
Un temps de latence réduit  qui pourrait tomber sous la milliseconde (4 à 5 ms pour la 5G), ce temps de latence est important dans certaines applis comme la réalité virtuelle.

Les yeux ouverts. Côté applications, c’est évidemment beaucoup plus prospectif mais puisqu’il faut bien faire rêver, les sources consultées (dont celle-ci) présentent de nombreux scénarios d’usage plus ou moins utopiques. Jean-René Lèquepeys, du CEA-Leti, en cite d’autres : « Beaucoup pensent que les lunettes “augmentées” vont jouer un rôle clef à l’avenir (…) On s’achemine vers de la reconnaissance de gestes, de la traduction automatique en temps réel où les intonations, les mots, les accents d’un interlocuteur étranger pourraient être traduits en temps réel. La 6G pourrait porter ce genre d’applications ou de nouvelles comme le pilotage de robots à distance ou la localisation temps réel de colis. »

Acceptabilité cruciale. Les réticences légitimes au déploiement de la 5G (agrémentées de complotisme) incitent tous les acteurs à marcher sur des œufs à la fois sur les aspects environnementaux et sanitaires. Si aucun risque clair pour la santé ne semble être clairement identifié, la prudence reste de mise, d’autant que la 6G impliquera l’implantation d’antennes-relais, toujours selon Jean-René Lèquepeys : « Plus vous montez en débit (et c’est le cas avec la 6G a priori ), plus vous êtes amenés à monter en fréquence, les distances de communication deviennent plus courtes avec des cellules de plus petites tailles (…) Il faudra en conséquence multiplier les stations de base avec des cellules de plus petite tailles ».

Si vous avez le temps.  La guerre d’influence entre les USA et la Chine mènera-t-elle à une partition numérique du monde de la téléphonie ? Ce papier de l’Ecole de guerre économique estime l’hypothèse plausible.