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Et si le Hcéres facturait ?

La Cour des comptes projette de rendre les évaluations payantes. Le Hcéres n’est pas pour.

Du temps de cerveau. La lecture des rapports de la rue Cambon est toujours instructive (mais parfois rébarbative). Celui consacré au Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), dirigé par Thierry Coulhon (relisez notre interview de l’intéressé) depuis novembre dernier, n’échappe pas à la règle. Il préconise au passage d’envisager « une forme de cotation des unités de recherche [pourtant abandonnée en 2013, NDLR] ».

Business model. Au passage, parce que l’objectif est ailleurs. Maintenant doté d’une personnalité morale, le Hcéres doit partir à la conquête de son modèle économique. La Cour des comptes a pu ainsi calculer le coût de l’évaluation d’une unité de recherche : 11 000 euros environ (40 000 euros pour un établissement) sachant que le Hcéres rend quatre à cinq rapports par jour (!) depuis deux ans.

Facturez, je le veux. La Cour a pourtant une solution, pas des plus populaires : « L’introduction d’une facturation systématique auprès des universités et autres structures (…) le rapprocherait d’autres modèles existant en France ». Les intéressés n’apprécient pas. Contacté, le président du Hcéres écarte tout retour des notations ou une possible facturation des évaluations.
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Partez en retraite dès la première année


Non, pas cette retraite (enfin pas tout de suite)
Rédiger sa thèse, c’est mieux à plusieurs, surtout quand certains ont les bonnes méthodes. Rencontre avec ParenThèse.

Rédiger est-il inné ? Certainement pas ! C’est avant tout un processus d’observation et de reproduction, comme le souligne Aurélie Landon, de l’association ParenThèse. Si les doctorants en sciences humaines font déjà cette expérience de la solitude, les perturbations dans la vie des labos depuis la Covid ont étendu ces difficultés à toutes les disciplines.

Ça ne date pas d’hier. D’où cette idée d’organiser l’entraide en dehors du labo. C’est le principe des writing centers, qui existent aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies ; ils ont même une revue à leur nom. Sans interférer avec les travaux de recherche, des tuteurs accompagnent les aspirants chercheurs dans le processus de rédaction.

Ca arrive doucement en France. Notamment par l’intermédiaire de Thèsez-vous, une association canadienne créée par des doctorants en sciences de l’éducation. Ils développent depuis six ans des méthodologies ou des accompagnements en distanciel depuis le lieu de vacances, autant sur la structuration du manuscrit que sur l’organisation du temps. Ces méthodes essaiment aujourd’hui en France.

On n’arrête pas les jeux de mots. C’est ainsi qu’en 2018 est née la première antenne régionale de ParenThèse en Occitanie. Cette association à but non lucratif a ensuite fait des petits : Bretagne, Île-de-France… pour en compter bientôt huit. Un noyau dur de 50 bénévoles propose aujourd’hui des ateliers d’une journée mais aussi des retraites sur quelques jours.

Rencontres. Florine Truphemus, aujourd’hui présidente de ParenThèse Ile-de-France, a justement connu l’association via une journée de rédaction alors qu’elle était tout juste en première année de thèse. Briser l’isolement est en effet l’un des objectifs de l’association.« En SHS, la rédaction se fait au fur et à mesure et il y a un fort besoin de rencontrer d’autres doctorants. »

Le pouvoir du collectif. Transmettre des méthodes pertinentes et offrir un cadre propice sont également au programme de ces retraites. Les doctorants sont hébergés et déchargés des tâches quotidiennes pour se consacrer à l’écriture durant trois jours. Au rythme des pomodoros (qu’est-ce donc ?), l’émulation aide à vaincre la procrastination.

Et les doctorants en redemandent. En avril dernier, les places se sont arrachées en moins de 48 heures et les doctorants attendent avec impatience la prochaine retraite. Toujours en perfectionnement de ces méthodes importées d’outre-atlantique, Florine Truphemus aborde de son côté sereinement la rédaction de sa propre thèse de droit, qui durera au moins un an.
Un manuscrit presque parfait

La perfection n’est pas de ce monde, bien évidemment, mais voici quelques conseils pour s’en approcher : Faire du tri !  Pas besoin de refaire l’histoire de la discipline, ni de donner une bibliographie exhaustive. Mieux vaut cibler un aspect précis et être concis (pensez aux rapporteurs !) 

Exhiber son diamant.  Faites ressortir l’originalité de votre travail et montrer votre apport au sujet, comme le recommande Martha Boeglin ( lire son interview). La linguiste François Boch parle de positionnement. 

Etre logique avant tout.  Votre manuscrit ne sera pas la liste chronologique de vos essais, échecs et réussites mais un déroulé clair, qui donne envie ! Pour cela, les objectifs doivent être bien définis.
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Interview

Martha Boeglin : « Les blocages sont tabous à la fac »

Jadis, Martha Boeglin a souffert pour rédiger sa thèse. Cette docteure en philosophie accompagne aujourd’hui les doctorants, notamment via le blog Scriptoria qu’elle a fondé il y a 18 ans.

Pourquoi est-il difficile de rédiger sa thèse ?

Souvent, les doctorants ont à la fois beaucoup de connaissances et l’impression de ne pas en savoir assez. Ils n’ont généralement pas de stratégie de rédaction et ne savent pas mettre en exergue leur propre contribution. Certains veulent écrire un texte parfait dès le départ et peuvent passer des jours sur une phrase sans savoir quelle sera sa fonction définitive dans le texte. Bref, ils se perdent dans les détails sans vue d’ensemble sur leur projet.

Quelles sont les conséquences ?

Ces difficultés mènent souvent au blocage or le blocage est normal. Il ne faut pas se remettre en question pour autant ni abandonner. En réalité, tout le monde souffre quand il faut écrire un texte de qualité. Malheureusement, ces blocages sont tabous à la fac. Si les professeurs en parlaient, ils seraient vécus moins dramatiquement par les doctorants.

En quoi maîtriser les méthodes de rédaction est-il utile ?

On apprend une stratégie d’organisation avant la rédaction qui permet de valoriser son travail. Quelle est l’originalité du travail ? Quelle est la contribution à son domaine ? Répondre à ces questions permet de se positionner par rapport aux autres chercheurs et de trouver sa place dans la communauté. Il faut identifier le diamant dans son travail ; la thèse sera son écrin.
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Outils

Créer une mind map

Une “mind map” sur comment faire une “mind map” (très méta).

Un schéma d’arborescence qui suit le cheminement de la pensée, c’est le principe de la carte heuristique ou “mind map” dont l’avantage est de faciliter la mémorisation.
Comment l’utiliser en recherche ou dans l’enseignement ? Quels logiciels existent ?
L’Urfist de Rennes a monté sur une formation pour tout vous expliquer. Les supports sont disponibles.

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Déclarez, je le veux


Follow the money
Un projet de décret issu de la loi Recherche vise à vous faire remplir une déclaration de liens d’intérêts. Explications.

Transparence radicale. La loi recherche a été publiée au Journal officiel le 24 décembre dernier. Il s’agit maintenant de la rendre applicable, ce que le ministère a prévu de faire avant l’été au pas de course. Parmi ces textes d’application, les tant décriés CDI de mission, de nouveaux contrats encadrant les post-doctorats mais aussi ce projet en cours de finalisation concernant les liens d’intérêts des chercheurs. En ces temps de défiance, la mission est noble, comme l’analyse le sénateur Pierre Ouzoulias :« Les pouvoirs publics et le Parlement fondent de plus en plus leurs décisions sur des expertises scientifiques. Il est essentiel pour eux d’avoir la garantie que les chercheurs qui les produisent n’ont pas de lien d’intérêts avec des entreprises ».

Parcours de validation. On pense immédiatement aux déclarations publiques d’intérêts, telles qu’elles existent déjà pour les médecins experts, par exemple auprès de la Haute autorité de santé. A ceci près que celles imaginées dans ce projet pour les chercheurs ne seraient pas rendues publiques et que l’équivalent d’une base recensant les sommes versées — comme Transparence santé — n’est pas prévue. Moins drastique donc mais pas moins complexe.

Paradoxe gouvernemental. Rappelons que la loi Pacte de 2019 a simplifié la participation des chercheurs au monde de l’entreprise en leur permettant de se passer de l’avis de commission de déontologie (au risque de créer des conflits d’intérêts). Dans le projet de décret, les chercheurs devront remplir un document-type, une sorte de CV de liens d’intérêts « pour ne pas avoir à renseigner plusieurs formulaires ». Reste à savoir s’ils le feront. 

Dernière minute  Le projet, soumis hier aux syndicats, a été plutôt bien accueilli. Il doit maintenant être validé par un aréopage constitué de la CSFPE, du Conseil d’état, de la CNIL et du collège de déontologie du ministère. Il serait applicable au 1er janvier 2023.