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Et pour finir

(NO SPOILER)

On a commencé cette news avec Game of thrones, on la clôturera également sur la série phénomène de George R R Martin, dont la dernière saison est apparemment à couper le souffle surtout quand on apprend que Daenerys est en réalité… Non pas de spoiler, on avait promis.
 
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Interview

Thierry Galli : « On entend parler d’excellence mais pas de rigueur »

Comment monter un institut de A à Z et l’amener au plus haut niveau dans une discipline émergente ?

Thierry Galli, fondateur de l’Institut de psychiatrie et de neurosciences de Paris (IPNP) qui a emménagé il y a quelques mois, en a une petite idée, tout comme sur le recrutement et l’évaluation des chercheurs. Interview.

L’IPNP est un tout jeune institut, comment avez-vous recruté les chercheurs qui le composent aujourd’hui ?


Cela s’est fait de la façon suivante : l’unité Inserm était alors en bout de course et la mission qui m’était confiée par les tutelles (Inserm et Université Paris-Descartes) était de la replacer sur la scène internationale de la recherche en psychiatrie et neurosciences. Le conseil scientifique de six personnes que nous avons réuni, travaillant intégralement hors de France, a été chargé d’évaluer les candidatures reçues suite à un appel d’offre pour des chefs d’équipe. Les chercheurs de l’ancienne unité désireux de diriger ou continuer à diriger une équipe devaient aussi candidater. Nous avons fait tabula rasa d’une certaine manière et c’est certainement ce procédé qui a été le plus innovant par rapport aux habitudes françaises. Nous avons pu faire venir des gens d’horizons très divers (des neurosciences moléculaires et cellulaires jusqu’à la recherche clinique) même si ils sont moins larges qu’espérés, puisque l’interdisciplinarité que nous désirions, avec des mathématiciens, des physiciens… n’a pu se faire.

A l’heure où l’impact factor est décrié, comment le conseil scientifique a-t-il procédé ?


Ils ont utilisé des critères classiques et de notoriété, y compris les IF des journaux mais pas uniquement. Ils ont surtout passé beaucoup de temps à auditionner les candidats. C’est la clef. Il y a plusieurs problèmes bien connus avec les IF et pour l’évaluation l’on peut résumer en disant: un article dans un journaux dont l’IF est 20 n’est pas nécessairement et automatiquement “scientifiquement ou techniquement meilleur” ou “d’impact double dans le domaine” qu’un article publié dans un journal dont l’IF est 10. Il faut toujours regarder le contenu précis (qualité des données et de leur interprétation) et évaluer l’impact dans le domaine scientifique. Pour cela, il faut bien connaître le domaine et savoir positionner les travaux avec des experts. A distance, le nombre de citations d’un article peut être utilisé à condition de vérifier qu’il n’est pas cité parce qu’il est contredit. Bref, on est en droit de prendre en compte le journal dans lequel a été publié les travaux pour se faire une idée de l’effort qu’il a fallu pour qu’ils soient publiés mais cela n’épargne pas une évaluation approfondie. En passant beaucoup de temps, c’est ce que notre SAB a fait pour l’IPNP.

Pourtant tout le monde veut publier dans Nature, Cell, Science…


C’est l’attrait de la marque : ils ont été extrêmement intelligents en la déclinant pour élargir leur assise éditoriale. Il en va de même quand on achète une voiture, on décide souvent de la marque puis du modèle, les gens peuvent être fidèles à une marque toute leur vie. Ces journaux les plus en vue recherchent le tremblement de terre permanent, la preuve définitive. Avec leurs titres secondaires, les auteurs sont tentés de rester chez le même éditeur, un peu comme si, ne pouvant se payer le cabriolet de la marque, l’on restait malgré tout fidèle en achetant la petite citadine. Fondamentalement, le problème est que quand on veut évaluer des chercheurs, deux paramètres sont également importants : la rigueur et la créativité. L’une ne devrait pas aller sans l’autre. La condition première et obligatoire pour recruter est la rigueur. Sans rigueur, on peut se fourvoyer et fourvoyer ses collègues or, depuis dix ans, on entend trop peu parler de rigueur et beaucoup trop d’excellence. La prime trop importante à la nouveauté et à la créativité sans bonne estimation de la rigueur est probablement la cause de rétractations d’articles médiatiques.
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Et pour finir

A story of anatomy

Ce schéma assez malaisant qui court actuellement les réseaux sociaux est l’oeuvre d’un artiste appelé Chris Simpsons pour son nouveau livre A story of life et non, fort heureusement, pour un manuel d’éducation à la grossesse. On pourra s’amuser à compter les erreurs anatomiques. Le même Chris Simpsons commercialise d’ailleurs sur son site un pin’s qui pourrait tout à fait être porté au revers de nombreuses blouses.

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Actualité

Un remède pire que le mâle

L’égalité homme-femme avance à grands pas.
Et dans la science peut-être plus vite que dans d’autres secteurs, comme le prouve cette recommandation du conseil scientifique du CNRS parue mi-avril, qui incite ses personnels à ne participer qu’à des manifestations “où les femmes sont présentes à tous les niveaux (…) dans une proportion atteignant, ou dépassant celle de la discipline”. Beaucoup reste néanmoins à faire et parfois la loi n’y peut rien, comme le suggère une étude du LIEPP de Sciences po, discutée lors d’un colloque le 5 avril dernier, qui analyse les effets d’une loi de 2012 appliquée depuis 2015 imposant des quotas homme/femme dans les jurys de recrutement pour les postes académiques. Ses résultats sont pour le moins inquiétants, puisque la réforme aurait un effet négatif sur la proportion de femmes embauchées, dans des disciplines comme les mathématiques, la physique, la pharmacologie… Les explications satisfaisantes manquent encore, même si l’auteur Pierre Deschamps fait plusieurs hypothèses : les deux premières stipulent que les femmes seraient plus dures avec leurs consoeurs, soit à cause du “queen bee syndrom”, soit par peur de la réaction de leurs collègues hommes. La dernière, plus classique et qui a la faveur de l’auteur, veut tout simplement que les hommes soient à la manoeuvre derrière ces discriminations.
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Actualité

Histoires de reviewers fantômes

Des chercheurs en début de carrière qui font de la review d’article pour leur directeur sans être ensuite crédités au générique ?
D’après cette étude parue en preprint sur BioRXiv, le cas semble plus que fréquent. L’équipe de chercheurs américains s’est en effet penchée sur ces coups de main pas tout à fait officiels que les juniors rendent à leurs aînés, en d’autres termes du “ghostwriting”. Constatant le peu de littérature sur la question, ils ont réalisé un sondage auprès de 500 jeunes chercheurs, très majoritairement en sciences de la vie, dont les résultats sont parlants : la moitié des sondés ont reviewé un papier sans être cités… malgré le fait que près de 80% d’entre eux trouvaient le procédé non éthique.

Et si les règles des revues étaient également en cause ? En effet, à les écouter, le fait que certaines publications n’autorisent pas le co reviewing ou qu’il nécessite une autorisation préalable de l’éditeur freinent la déclaration des reviewers fantômes.
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Interview

Valentin Amrhein : « Détecter des abus statistiques doit devenir une priorité »

Ce n’est pas une pétition, même si cela y ressemble beaucoup, qui a allumé la mèche le 20 mars dernier dans un article de Nature.
854 scientifiques de tous horizons et de toutes nationalités, dont une trentaine de Français, se sont élevés dans ce texte contre la significativité statistique ou plutôt l’usage que les chercheurs en font. Le papier a atteint très rapidement des scores stratosphériques. Et pour cause, c’est une bonne partie de la manière de faire de la science que les “pétitionnaires” veulent totalement réformer car cela serait porteur de trop d’imprécisions et de fausses interprétations.
Et maintenant ? TheMetaNews a interrogé l’un des principaux “frondeurs”, Valentin Amrhein. 33

Votre pétition dans Nature a-t-elle d’ores et déjà été suivie d’effet ?

VA. : Nous avons eu un nombre important de réponses et beaucoup de retours positifs mais il est trop tôt pour dire si les choses vont changer à long terme. J’éviterais d’ailleurs le mot “pétition”, même si il est vrai que cela y ressemble beaucoup. Tous les chercheurs peuvent agir en prévenant leurs collègues.

Quelles erreurs sont-elles le plus souvent commises, selon vous ?

VA. : En cas de P>0,05 dans une étude ou lorsque l’intervalle de confiance inclut zéro, une différence ou une association est souvent écartée. Cette erreur se voit encore dans près de la moitié des papiers publiés. Il serait tout d’ailleurs aussi faux de déclarer qu’un résultat est vrai parce que P<0,05. C’est peut être le signe le plus clair que la manière dont nous utilisons ces outils est totalement fausse. 

Avez-vous planifié d’autres “actions” ?

VA. : Oui nous allons écrire plus de “comments” à destination d’autres journaux car, comme nous l’écrivions dans Nature, détecter des abus statistiques dans la littérature doit devenir une priorité pour la communauté scientifique.

Pour une liste pratique de Do’s & Don’t, lisez cette publi très complète d’American statistician parue également fin mars.
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Interview

Geneviève Almouzni : « Nous sommes optimistes pour LifeTime »


Le projet LifeTime va-t-il décrocher la Lune ? 

Ce projet international et transdisciplinaire est soutenu au plus haut niveau par la France et l’Allemagne, et sa direction est partagée entre Nikolaus Rajewsky du centre Max Delbrück à Berlin et Geneviève Almouzni de l’institut Curie à Paris. A la veille de la conférence de lancement du projet LifeTime, qui aura lieu à Berlin les 6 et 7 mai prochain, TheMetaNews fait le point avec Geneviève Almouzni.

L’avenir de LifeTime passera-t-il nécessairement par un financement flagship au niveau européen ?

Pas nécessairement car l’instrument flagship de Horizon 2020 n’a pas aujourd’hui de correspondant exact dans le nouveau programme cadre. Nous sommes dans une phase de transition avec Horizon Europe, il s’agit de définir la forme que pourra prendre le ou les soutiens à notre initiative ; c’est un point sur lequel nous travaillons étroitement avec les instances européennes. Nous abordons une période électorale mais nous ne sommes pas inquiets et même plutôt optimistes : nous avons déjà reçu un soutien important et nous souhaitons développer les moyens de changer la médecine du futur en s’appuyant sur des recherches innovantes.

Quel est votre calendrier pour les mois à venir ?


Pour l’instant, nous bénéficions d’un financement (un million d’euros, NDLR) pour une année de travail afin de consolider notre proposition. Le programme va être cadencé par nombre de réunions et de conférences, avec tous les acteurs concernés dans toutes les disciplines et tous les pays. Nous devons coordonner nos efforts et proposer une formalisation du programme qui s’échelonne sur 10 ans. Avec un groupe multidisciplinaire, nous allons maintenant sélectionner les pathologies les plus pertinentes, que ce soit dans les maladies infectieuses, neurodégénératives ou cardiovasculaires, les cancers… pour accélérer le passage de la “discovery” jusqu’au patient.

Projetons-nous dans dix ans justement, quels seront les débouchés du projet LifeTime ?

Nous n’attendrons pas dix ans pour délivrer quelque chose, que ce soit de la technologie, avec les industriels ou les start-up concernés, ou des modèles expérimentaux originaux reproduisant des situations pathologiques chez les patients. Je vous donne juste un exemple : le développement d’organoïdes sur des puces construits à partir de cellules de patient. On pourrait ainsi accéder à un « mini-cœur » pour tester les méthodes d’intervention les plus adaptées. Nous allons, en outre, développer des possibilités d’analyse très fines grâce à la technologie « single cell » avec la puissance de l’intelligence artificielle pour tirer parti des données ; on peut même imaginer intervenir sur des prédispositions pour les corriger.
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Actualité

Un résultat négatif est un résultat tout court

Cette question récurrente a de nouveau été posée lors du colloque “Intégrité et science ouverte” organisé par l’Office français de l’intégrité scientifique (Ofis) le 4 avril dernier. Agnès Henri, directrice générale d’EDP Sciences y a en effet plaidé pour pour “un journal des recherches qui n’ont pas abouti” (Source AEF). Ce genre de publications existe pourtant déjà, y compris en France, grâce au Journal of Negative Results, fondé par quatre chercheurs, dont Thibaut Marais de l’institut de myologie (Paris), qui indique que “les chercheurs estiment toujours que les résultats négatifs n’ont pas de valeur, même si 90 % des financements de la recherche n’aboutissent à aucune publication. Pour obtenir des fonds, il faut toujours actuellement publier des résultats positifs.”
Le Journal of Negative Results in Biomedicine, un des pionniers de la démarche, a cessé de publier en 2017. D’autres existent encore aujourd’hui, comme The All Results Journal ou The Missing Pieces, édité par PLoS, ou New Negatives in Plant Science.

Si solution il y a, elle passera par un travail de longue haleine : “Sur le principe, tout le monde est d’accord mais quand il s’agit de publier, il y a énormément de réticences (…) Le travail d’influence doit se faire sur les jeunes, les mentalités des chercheurs déjà en poste depuis un certain temps sont plus difficiles à changer.” L’équipe du Journal of negative results compte emprunter un biais original. Pour lui “donner une nouvelle impulsion”, Thibaut Marais parie sur l’éthique animale : “Nous mettons en avant lors des journées de formation à l’expérimentation animale que publier des résultats négatifs permet de respecter les règles éthiques et de satisfaire à la règle des 3 R (réduire, raffiner, remplacer, NDLR).Cela suffira-t-il à faire basculer les mentalités ? Errare humanum est, perseverare diabolicum.